Un peu d'histoire...
Démotz de La Salle tire son nom d’une ancienne institution des frères des écoles chrétiennes venue s’implanter à la fin des années 60 dans les locaux jadis occupés par le très ancien collège Sainte-Marie.
Le nom de Démotz de La Salle avait été attribué à l’école des frères par une donatrice avec le legs de sa propriété. La localisation de ce groupe scolaire rue du Collège à Rumilly montre l’importance qu’il a eu et qu’il continue à avoir dans la vie de Rumilly
Cette carte postale de la fin des années 1940 permet de reconnaître l’ensemble des établissements scolaires de Rumilly (hormis le centre Sully aux casernes) ; publics ou privés, ils se déclinent en double : pour filles et garçons. A travers les bâtiments, assez facilement repérables, on peut retrouver l’histoire de l’enseignement catholique à Rumilly. Même rapportée à la superficie de la ville à ce moment, la concentration géographique est étonnante.
1. Le collège Sainte Marie
Héritier du vieux collège des Oratoriens (1650), il y a depuis 1827 un petit séminaire à Rumilly.
En 1854, dans le clos de l’ancien couvent de la Visitation, il s’installe dans les locaux modernes qu’on vient d’achever et qu’on complètera d’une chapelle (1865), d’un bâtiment des classes et d’une salle des fêtes (1899).
Petit séminaire, il participe à la formation du clergé diocésain mais il reçoit aussi des élèves externes généralement issus de la bourgeoisie rumillienne. Il dispensera un enseignement de qualité, pratiquement sans interruption jusqu’à sa fermeture en 1967-1968 ; la société a changé, les vocations religieuses sont plus rares, les difficultés financières sont devenues insurmontables.
Dans ses locaux, l’école Démotz va trouver aussitôt l’espace nécessaire à son développement et qui lui manque rue des Ecoles.
2. L’école des Frères
Les Frères des Ecoles Chrétiennes sont une congrégation enseignante fondée au 17ème siècle.
En 1833, ils peuvent ouvrir une école de garçons à Rumilly puis dirigent l’école communale publique.
En Savoie, comme en France à cette époque, l’enseignement public peut être assuré par des congrégations religieuses, non sans fréquentes querelles d’influence.
Après diverses installations en ville, un établissement moderne est édifié en 1858 dans le clos Gantin, rue Pierre Salteur pour abriter les classes et loger les maîtres.
A partir de 1860, les lois françaises sont appliquées en Savoie ; Par les lois Jules Ferry (1881 – 1883), l’Etat prend directement en main l’instruction publique, désormais obligatoire et gratuite, mais aussi laïque. La loi Falloux de 1850 garantit cependant la liberté d’enseignement.
Les Frères perdent donc la charge de l’école publique, mais peuvent ouvrir au même endroit une école libre de garçons qui reçoit des élèves de familles commerçantes et ouvrières.
Elle fonctionne jusqu’au début du 20ème siècle. C’est une époque agitée où une part importante de l’action politique a pour enjeu la place des institutions cléricales dans la vie publique. Les élections de 1902 se jouent sur cette question et portent au pouvoir le gouvernement d’Emile Combes. Il applique une politique violemment anticléricale, et par la loi du 7 juillet 1904 il interdit l’enseignement à toutes les congrégations et confisque les biens ;
L’école des Frères est donc fermée ; les bâtiments serviront désormais d’école publique de garçons jusqu’à leur démolition au début des années 1960 (emplacement actuel de l’école du centre et de l’inspection académique).
3. L’école Démotz de la Salle
Vingt ans après la fermeture de leur établissement rue Pierre Salteur, les frères des Ecoles Chrétiennes laïcisés vont ouvrir une nouvelle école de garçons, rue des Ecoles dans l’ancien clos du couvent des Bernardines.
Cela grâce à un legs en biens et en argent de la baronne Démotz de la Salle et dans un contexte d’activité paroissiale dynamique (il y aura un cinéma paroissial actif dans la chapelle désaffectée des bernardines)… une nouvelle école est construite tout près pour la rentrée 1923 avec 2 salles de classe et 2 maîtres.
Les effectifs doublent rapidement et il faut agrandir le bâtiment dès 1930. Il y a alors près de 90 élèves. Pourtant, crise économique aidant, les années trente sont difficiles pour une école qui vit des contributions des familles, souvent modestes, et de diverses générosités. Avec la guerre, la législation a changé et, en 1943, cette école redevient l’école des Frères. Elle se développe ensuite rapidement et adhère en 1960 aux contrats prévus par la loi Debré qui vient d’être votée ; les classes vont du CP à la 3ème et au CEP.
L’école devient trop petite et vétuste… Aussi lorsque ferme le petit séminaire Sainte Marie (1967 et 1968), l’opportunité se présente d’en reprendre les locaux – c’est là d’ailleurs que depuis longtemps se tenait au début des grandes vacances la kermesse annuelle. La ville de Rumilly transforme l’école dont elle est devenue propriétaire en école primaire publique Albert André, tandis que le CEG Démotz de la Salle commence un nouveau développement dans le Clos du Collège dès 1967.
A partir de 1969, la mixité y verra venir aussi les filles de l’école Jeanne d’Arc.
4. L’école Jeanne d’Arc
C’est une école de filles fondée rue Pierre Salteur en 1904 par les religieuses laïcisées de l’Immaculée Conception. A l’origine, c’est une création des Sœurs de Saint Joseph ; depuis 1820, cette congrégation de Chambéry dirige l’école communale (publique) de filles établie dans l’ancien couvent de la Visitation.
Quand y sont construits les nouveaux bâtiments pour le petit séminaire, les sœurs s’installent à la place de celui-ci dans l’ancien Collège, rue d’Hauteville. Elles y ont leur école (pour les élèves d’origine modeste) et un pensionnat (au recrutement plus choisi).
La Savoie devenue française en 1860, une Ecole Normale d’institutrices pour les écoles rurales des 2 départements savoyards est créée dans ce Collège et placée sous la direction des Sœurs de Saint Joseph. La France vit alors sous le régime concordataire qui place le clergé dans l’appareil d’Etat ; une partie de l’Instruction Publique (l’école alors n’est pas obligatoire) est confiée à des congrégations religieuses ; les conflits d’influence sont fréquents…
Les lois Jules Ferry entraînent nécessairement la laïcisation de l’enseignement public. Les Sœurs de Saint Joseph perdent donc la direction de l’Ecole Normale ; leur école ne peut plus être école publique. Elle se transforme en école libre de filles (loi Falloux de 1850), en face dans la chapelle des Bernadines, puis en 1895 dans des locaux édifiés par les Sœurs rue du Repos. Cette école est donc proche du séminaire et de l’école des Frères.
La loi du 7 juillet 1904 interdisant aux congrégations d’enseigner, l’école est fermée, mais rouvre aussitôt avec des religieuses laïcisées de l’Immaculée Conception.
En 1930, un bâtiment neuf est construit face à la salle des Fêtes du séminaire, avec une toute petite cour triangulaire. En 1936, l’école redevient école des Sœurs (laïcisées) de Saint Joseph.
Avec la fin des années 1960, la fermeture de l’école ménagère (Nazareth), l’introduction de la mixité, les filles rejoignent les garçons au collège Démotz maintenant installé dans les murs de l’ancien Collège Sainte Marie.
L’école Jeanne d’Arc devient dès lors une école maternelle et primaire qui, en 1994, s’installe dans des locaux neufs sur les hauteurs de Savoiroux.
5. Sainte Thérèse
Lorsqu’en 1936 les religieuses laïcisées de l’Immaculée Conception laissent à celles de Saint Joseph la direction de l’école Jeanne d’Arc fondée en 1904, elles restent rue Pierre Salteur.
Dans une maison face au jardin du Collège Sainte Marie (aujourd’hui, près de l’inspection académique), elles ouvrent l’école Sainte Thérèse : c’est un centre technique où elles enseignent aux filles la sténo et la comptabilité, des formations bien en phase avec les besoins de l’époque.
Cela restera vrai dans les années de croissance après guerre et l’établissement devra s’agrandir. En 1964, il intègre un bâtiment neuf près de l’Aumône et devient le LEP Sainte Thérèse.
Retour aux sources vers les années 2010, avec l’intégration des sections professionnelles au sein du lycée Démotz.